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PARIS, 2 février 2022 (APMnews) - L'Alliance nationale contre l'ostéoporose (Anco) a présenté mardi ses propositions pour améliorer la lutte contre l'ostéoporose, à la lumière des expériences de terrain examinées ces dernières années, lors d'une table ronde en distanciel.

Cette table ronde a été organisée en présence de professionnels de santé et d’élus afin de “clore la mobilisation politique 2017-2022 dans la lutte contre l’ostéoporose et la perte d’autonomie”, et de présenter les nouvelles propositions de l’Anco pour répondre à cet enjeu de santé publique identifié comme prioritaire par les pouvoirs publics dans la stratégie “Ma santé 2022”.

L’Anco a été créée en 2017 par la Société française de rhumatologie (SFR), le Groupe de recherche et d’information sur les ostéoporoses (Grio) et l’Association française de lutte anti-rhumatismale (Aflar), afin de mobiliser pour faire reconnaitre la maladie, améliorer sa prise en charge et favoriser la création d’un véritable parcours de soins pour les patients ostéoporotiques. Le fil rouge de cette initiative était de concrétiser les enjeux de “Ma santé 2022”

Cinq ans après le livre blanc sur l’ostéoporose, qui demandait un plan national contre l’ostéoporose (cf dépêche du 17/10/2017 à 16:09), et alors que l’engagement “Ma santé 2022” arrive à son terme, les intervenants constatent que des projets ont émergé sur le terrain -une vingtaine selon les organisateurs, dont 2 ont été présentés lors de la table ronde-, identifiés lors de la campagne régionale menée par l’Anco ces dernières années, mais les freins restent nombreux, et les propositions n’aboutissent pas.

“L’ostéoporose a été reconnue comme maladie chronique prioritaire dans ‘Ma santé 2022’, mais on n’a pas eu de mesure pour améliorer sa prévention et sa prise en charge durant le quinquennat”, a déclaré Françoise Alliot-Launois, Présidente de l’Aflar.

 

À l’occasion de cette campagne régionale de l’Anco, l’alliance a pu affiner ses propositions pour améliorer le parcours des patients. Quatre propositions ont été retenues par l’Anco pour améliorer le parcours des patients, présentées par Françoise Alliot-Launois et le Pr Christian Roux, président de la SFR:

  • favoriser une meilleure prise en charge de l’ostéoporose, en travaillant avec la Haute autorité de santé (HAS) et en se focalisant sur le parcours de soins, en mettant le médecin traitant et le pharmacien en 1re ligne
  • développer les ressources dévolues à la prévention et à la prise en charge de l’ostéoporose “dans le cadre des actions à venir pour le grand âge et l’autonomie”
  • mettre en place une “consultation du bien-vieillir”, un moment privilégié qui permettrait d’évaluer chez un patient le risque d’avoir des accidents graves au cours du reste de sa vie, y compris des fractures
  • améliorer de façon significative les filières fractures, “qui sont certainement les moyens les plus efficaces d’obtenir une prévention primaire et secondaire des récidives de fracture”.

Il y a 1.300 fractures par jour en France. Certaines peuvent être prévenues, en tout cas les récidives possibles, a rappelé le Pr Roux. Une femme sur 3 et un homme sur 5 sont touchés par l’ostéoporose. Il s’agit de la maladie osseuse la plus fréquente. “Mais tout le monde n’est pas concerné par le risque de complications de cette maladie, qui sont les fractures.”

Former les professionnels de santé à la coordination horizontale

Le Pr Etienne Minvielle, médecin de santé publique, professeur à l’école Polytechnique et directeur de recherche au CNRS, responsable des parcours innovants pour les patients à Gustave-Roussy (Villejuif, Val-de-Marne), s’est déclaré lors des échanges “très impressionné” par les retours des expériences de terrain.

L’un des leviers sur lesquels il faut progresser pour les parcours de soins est celui de la coordination, a-t-il souligné. “On a beaucoup fait sur les structures et le numérique, avec les CPTS [communautés professionnelles territoriales de santé]. Mais il y a un levier sur lequel on n’a pas assez agi, c’est sur les comportements mêmes des acteurs. Comment multiplier [les professionnels qui s’impliquent dans les projets, les portent et les coordonnent], comment faire en sorte qu’une infirmière libérale coordinatrice soit entendue par un médecin hospitalier…?”

“Comment faire concrètement pour coordonner, travailler ensemble, coopérer pour développer [cela] à grande échelle? Il faut que cela se développe de manière quasi systématique.” Ce qui manque, ce sont “des formations à la coordination. Les professionnels de santé sont très peu formés au management de terrain, au travail en équipe, à la coordination, à l’organisation d’un parcours”, a insisté le Pr Minvielle.

Un 2e levier important, selon lui, est celui de l’action publique. “Puisque c’est une coordination horizontale sur le terrain, il faut que l’action publique accompagne” les initiatives de terrain, ce qui est une démarche pas si naturelle, note-t-il.

 

Il y a ainsi 2 démarches à affirmer, a-t-il proposé:

  • des démarches comme l’article 51 (de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2018): accompagner les initiatives de terrain sur les aspects juridiques, les formes de financement dérogatoire, la chefferie de projet, et démultiplier sur le territoire national
  • les financements eux-mêmes: on ne peut rester sur des financements morcelés, tarification à l’activité (T2A) pour l’hôpital, paiement à l’acte pour la ville. “Il faut engager ces paiements au parcours”, et si “ce diagnostic a été posé dans Ma santé 2022, on n’avance pas assez vite en France sur ces sujets”. “Il faut démultiplier ces modes de financement.”

Alain Coulomb, ancien directeur de la HAS, président de l’association Coopération santé, a aussi souligné le frein relatif au recours aux médecins généralistes dans les parcours de soins, car ils sont de moins en moins nombreux et ont de plus en plus de tâches.

Le pharmacien est une bonne solution pour apporter “un meilleur maillage territorial”. Il peut “identifier très facilement qui est mis sous un anti-hormonal dans le traitement d’un cancer du sein ou d’un cancer de la prostate, qui est mis sous corticoïdes, et dans ces cas-là insister auprès du médecin traitant (sur ces facteurs de risque identifiés)”, a évoqué le Pr Thierry Schaeverbeke du CHU de Bordeaux.

La sénatrice Martine Berthet (LR, Savoie) a insisté sur le caractère indispensable du dépistage systématique de l’ostéoporose, dans le cadre d’une consultation du bien-vieillir. “Mais il faut un véhicule législatif”, qui est constitué pour elle par la loi Grand âge, “indispensable pour mettre en oeuvre ce dépistage”. Cette loi n’a pu voir le jour sous le quinquennat actuel mais elle est espérée pour le prochain quinquennat.

“On a un socle solide et large, dans les visions qui ont été partagées, sur ce qu’il ne faut plus faire et ce qu’il faut faire”, a commenté Françoise Alliot-Launois. “Il y a un engagement des élus, des politiques, et des acteurs de terrain, les praticiens. On a besoin des praticiens de ville. Dans les filières, ce sont essentiellement des patients hospitaliers qui sont pris en charge. Mais pour les 360.000 personnes non hospitalisées qui se fracturent, il faut nous engager et travailler sur la coordination, le parcours de soins ostéoporose”, a-t-elle insisté.

Le Pr Roux a également souligné la nécessité de simplifier les messages de prise en charge vers les médecins de premier recours, débordés, même pour une maladie complexe comme l’ostéoporose.

Au cours des échanges, une participante a souligné la nécessité d’analyser les freins plus précisément par région, car certaines spécificités peuvent exister.

 

Deux initiatives régionales marquantes pour lutter contre l’ostéoporose

  • Au CH du Mans, le Dr Bénédicte Haettich, rhumatologue, coordonne la filière de soins pour patients ostéoporotiques fracturés depuis 2010. Elle a souligné l’importance “d’exporter hors les murs de l’hôpital le parcours coordonné”, ce qui “n’empêche pas la mise en place de filières de référence au sein d’établissements de santé publics et libéraux”. Elle a relaté son expérience pour monter cette filière et ce parcours et développer le lien ville-hôpital, avec la réalisation de campagnes de communication auprès des médecins généralistes de la Sarthe pour leur présenter la filière de l’hôpital, leur indiquer les coordonnées de l’infirmière coordinatrice de la filière pour faciliter l’adressage des patients. “Le médecin traitant doit être remis au centre du dispositif”, a-t-elle insisté. Elle a ensuite travaillé avec un petit groupe de médecins généralistes motivés, et 2 rhumatologues libéraux du CH, à identifier les actions à mettre en place pour améliorer et fluidifier la prise en charge des patients. Deux propositions en sont ressorties: créer une consultation spécifique, et développer la télé-expertise entre rhumatologues et médecins généralistes. La télé-expertise, qui a été expérimentée au CHU de Dijon, “devrait se développer au cours du 1er trimestre 2022 avec l’ARS Pays de la Loire”, a-t-elle précisé. Après plusieurs échanges avec l’ARS et prise de contact avec la CPTS, un parcours pluriprofessionnel autour du patient a été organisé. Des formations ont été mises en place, notamment sur les stratégies médicamenteuses récentes, et un cahier des charges pour la télé-expertise a été envisagé. “Mais on manque de temps”, a-t-elle noté. Elle a souligné le rôle “facilitateur et incitatif” des ARS, et évoqué l’utilité probable du développement des infirmiers en pratique avancée (IPA).
  • Au CHU de Bordeaux, le Pr Thierry Schaeverbeke a présenté son expérience, “qui ressemble énormément” à celle du Mans, en ajoutant le recours au numérique. “Nous sommes partis du même principe: il y a une déconnexion complète entre ce que sont censés faire les spécialistes, qu’on n’arrive jamais à contacter, qui connaissent bien la pathologie, qui prennent les choses trop tard, à un stade avancé de la pathologie, et la difficulté pour les gens de terrain, en particulier en soins primaires, à appréhender les pathologies chroniques”. L’idée a aussi été de se tourner vers l’interlocuteur pivot, le médecin généraliste, en utilisant “une simple affiche” avec les différents intervenants, et un outil numérique reprenant le logigramme pour se diriger au sein de cette affiche, en identifiant 3 circonstances: l’identification de facteurs de risque, la suspicion de fracture, la fracture. Le but est d’aboutir à un diagnostic, à la nécessité de faire appel à un spécialiste. Ensuite “on reproduit” l’expérience décrite du Mans. L’outil est associé à des fiches, papier ou numérique, déclinées spécifiquement pour les pharmaciens, les infirmiers (qui ont un rôle de dépistage au sein des structures pluriprofessionnelles), les kinésithérapeutes (qui analysent les troubles de la marche et les risques de chute), les diététiciens. Les pharmaciens ont “un rôle complètement essentiel sur un territoire extrêmement large comme la Nouvelle-Aquitaine, avec des départements dépeuplés”, et apportent le “meilleur maillage territorial”. “En se tournant vers un maillage territorial comme ça, en s’appuyant beaucoup sur les structures qui comportent une organisation pluriprofessionnelle, c’est un procédé qui marche beaucoup mieux que d’organiser des structures spécialisées intra-hospitalières”, a-t-il estimé. “Cela remet tout le monde à sa place: l’expert n’est pas forcément celui du CHU, c’est tout rhumatologue joignable sur le département”, tandis que le centre expert intervient pour les choses beaucoup plus pointues.

 

 

 

 

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